Je me suis longuement demandé par quel sujet, quel article, réouvrir le blog en cette nouvelle année 2019. J’ai débuté des brouillons autour de sujets de consommation, autour de listes d’envies ou de trucs mêlants humour et auto-dérision. Et puis, depuis quelques jours, au vu de la récurrence du « débat » dans les media et sur les réseaux sociaux, je me suis souvenue d’une histoire que je m’en vais te conter aujourd’hui.
Il y a quelques années maintenant, autour d’une table de bar, mes amis et moi évoquions le sujet de la gestation pour autrui. La GPA comme on dit, ou, plus vulgairement, le procédé des mères porteuses. Chacun notre tour, nous discutions et donnions notre point de vue quand à ce fait. Je reconnais, aujourd’hui, je ne me souviens pas bien de l’avis de mes amis.
Mais je me souviens très bien de ce que j’ai dit.
Pour résumer, la gestion pour autrui est un procédé qui m’incommode. Parce que dans cette idée de faire porter un enfant par une femme pour ensuite le léguer à un couple, j’y vois une forme « d’industrialisation des naissances ». Sans compter que j’ai du mal à imaginer qu’une femme qui a fabriqué un être vivant, neuf mois durant, pour s’en séparer à peine mis au monde, puisse s’en sortir sans aucune séquelle. Sur le plan psychique comme sur le plan physique.
D’ailleurs, ce soir là, en toute décontraction, devant mes amis, j’ai conclu mon sujet par quelque chose qui ne devait pas bien être éloigné de ce qui suis : « La GPA, je trouve ça pas normal et même contre-nature. Franchement, si ça devait être légalisé en France, je pense que je serais capable de militer contre ».
Les mois sont passés, sans que mes amis et moi n’ouvrions à nouveau le débat. On en a d’ailleurs jamais reparlé. Mais là n’est pas vraiment le cœur du sujet.
Parce que quelques mois plus tard, je m’insurgeais devant les informations télévisées montrant des nuées de badauds opposés au mariage homosexuel. Et des mois et des mois plus tard, je m’énervais de plus belle devant tous ceux qui, panneaux en mains, remettaient en cause de droit à l’avortement.
Ces gens que je traitais d’imbéciles derrière ma télé, tenaient pourtant le même discours à propos du mariage homosexuel ou du droit à l’IVG que moi, quelques semaines en arrière, à propos de la GPA.
J’ai dégluti.
Je ne valais pas mieux qu’eux. Mais moi, au moins, je n’avais pas franchi le pas de sortir dans la rue, déballer mes idéaux à propos d’un sujet qui ne me touchait pas directement.
A propos de la GPA, je n’ai pas changé de point de vue. Mais à propos du débat, j’ai retourné ma façon de penser.
Si je m’oppose à la gestation pour autrui, il me suffit de ne pas y avoir recours. Si je m’oppose à l’avortement, j’ai juste à ne pas avorter. Si je m’oppose à un acte légal quel qu’il soit, il suffit que je n’en bénéficie pas.
Ne pas concevoir l’approche, être importuné, la trouver immorale, ne sont pas des arguments valables pour dire aux autres ce qu’ils doivent faire ou ne pas faire à propos de leur propre corps.
Je ne touche pas à ta façon de penser, ne touche pas à mon droit à l’IVG.
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